Déchets radioactifs immergés dans l’Atlantique : l’Observatoire du nucléaire publie un document accablant pour l’industrie nucléaire – Observatoire du nucléaire (Article transmis par Stéphane Lhomme) – https://www.observatoire-du-nucleaire.org
Alors qu’une mission scientifique du CNRS a annoncé vendredi 4 juillet 2025 avoir détecté la présence d’environ 3000 fûts de déchets radioactifs immergés dans l’océan Atlantique, l’Observatoire du nucléaire publie un document exceptionnel totalement accablant pour l’industrie nucléaire européenne et particulièrement française. (voir le rapport dans le document: Déchets radioactifs immergés dans l’Atlantique : l’Observatoire du nucléaire (…) – Observatoire du nucléaire)
Il s’agit d’un rapport de l’ENEA (Agence européenne pour l’énergie nucléaire), structure affilée à l’OCDE, qui rend compte de façon extrêmement détaillée d’une initiative pompeusement baptisée « Opération d’évacuation de déchets radioactifs dans l’océan Atlantique » qui a eu lieu en 1967 et qui a royalement consisté… à jeter par dessus bord 35 790 futs de déchets radioactifs, dont 31 596 venant de France.
Ces derniers ont été conditionnés sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), transportés par la société Transnucléaire (devenue par la suite Cogéma Logistics, puis Areva TN, et aujourd’hui Orano NCS) à travers la France jusqu’au port de Cherbourg (Manche) pour être chargés sur le navire de transport le TOPAZ qui a effectué 5 voyages que l’on peut qualifier de crimes contre le vivant.
Au fil des 76 pages de ce rapport, on constate avec stupéfaction une alternance de détails supposés attester de supposées « compétences » qui auraient été mises en œuvre lors de cette opération, et de remarques désinvoltes ou carrément ridicules.
On notera sans peine l’arrogance (toujours de mise aujourd’hui) des représentants de l’industrie nucléaire qui, au fil des pages du document, se gargarisent du « grand succès » de cette opération qui consistait juste… à jeter par-dessus bord des milliers de fûts de déchets radioactifs. Un formidable « exploit ».
En page 59, on peut même lire que « Des bases solides sont désormais établies pour permettre la réalisation d’opérations semblables, dans l’avenir, par des pays qui ont à faire face à des problèmes d’évacuation de déchets solides. » C’est d’ailleurs ce qui s’est hélas produit, massivement, jusqu’en 1993. A ce jour, aucun des criminels (industriels et politiques) responsables de ces opérations n’a été inquiété.
En annexe, des calculs scientifiques basés sur des données subjectives et hypothétiques sont de toute évidence mis en exergue pour donner une apparence « responsable » à une opération pourtant parfaitement injustifiable.
On trouvera finalement en dernière page le certificat de décontamination du TOPAZ, contresigné par le chef du service de protection contre les rayonnements (SPR) du centre de La Hague du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), preuve supplémentaire de la prétention ridicule de l’industrie nucléaire à préserver le vivant… en le contaminant.
ATTENTION : il convient de ne pas considérer ce document comme le témoignage historique de méthodes n’ayant plus cours et aux conséquences négligeables. En effet :
– si le document prétend que les fûts immergés ne contenaient que des déchets de moyenne activité, personne n’est obligé de croire les affirmations venues d’une industrie qui n’a eu de cesse de mentir et qui ment plus que jamais aujourd’hui encore. A titre d’exemple, on rappellera que du plutonium a été détecté à Morvilliers (Aube), site qui est supposé ne contenir que des déchets à faible durée de vie (*).
– les conséquences des immersions de déchets radioactifs ne sont pas connues, et ne le seront peut-être jamais, mais elles sont possiblement de mise aujourd’hui encore, en fonction de ce qui est réellement contenu dans les fûts.
– si les immersions de déchets radioactifs ont officiellement cessé, elles ont été remplacées par des sites et projets de stockage et d’enfouissement présentés à leur tour comme « responsables », « sans danger », « maîtrisés », ce qui relève à nouveau de la plus pure tromperie. On pense en particulier aux sites de Soulaines-Dhuys (Aube) près duquel le nombre de cancer est bien plus élevé que la normale (**), Morvilliers (Aube également) et bien sûr Cigéo (Bure, Meuse/Haute-Marne).
On rappellera enfin que les installations nucléaires rejettent en continu, directement dans les rivières et les océans, et de façon hélas parfaitement légale, des quantités considérables de produits radioactifs (***) et chimiques (****), ce qui n’empêche pas de nombreux dirigeants industriels et politiques, ainsi que trop d’éditorialistes, de présenter le nucléaire comme une énergie « propre » ou « verte », ce qui relève de la plus profonde ignorance ou de mensonges éhontés.