Trois questions agitent aujourd’hui la nucléo-sphère des décideurs et celle des opposants, dans le domaine civil, celui de la production d’Energie (étant « acquis » par la France, au plan européen, que le nucléaire c’est « vert »):
- Le stockage des déchets
- La prolongation d’activité des centrales après 40 ans
- Le renouvellement du parc nucléaire par les EPR2
Concernant la prolongation des Centrales « en fin de vie » au-delà de 50 ans – C’est la fin de la concertation officielle sur la poursuite du fonctionnement des réacteurs de 1 300 MWe au-delà de quarante ans – Le 11 mars, par conférence de presse, le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) a annoncé la clôture de la concertation publique sur les dispositions de Sûreté proposées par EDF. La présidente du HCTISN l’a jugée « utile », alors même que le contexte a fait douter de sa pertinence comme de son utilité. Le président Macron, ayant annoncé la création de 6 EPR2, avec dans la foulée la prolongation de centrales en fin de vie, ont pu faire douter de cette concertation « devant le fait accompli », d’autant que les parlementaires ont adopté, non sans contradicteurs d’opposition, la loi d’accélération du nucléaire sur fond de fusion peu rassurante de l’ASN (contrôle) et IRSN (expertise) en entité unique, l’ASNR : une réforme de la gouvernance de la Sûreté, très contestée, amenant à penser que quoi que l’on dise, l’affaire était entendue ! Un climat anxiogène en résultant dans le public averti et salariés des organismes : expertise (Radioprotection/Sûreté nucléaire) ne permettant plus de se dissocier indépendamment de la prise de décision, une façon d’éliminer les réticences et alertes vis à vis du nucléaire… Voilà : l’ASNR rendra son avis et prescriptions pour EDF par un rapport, en juin.
Renouvellement du parc nucléaire par de nouveaux réacteurs, les EPR2 – (chantier de 17 Mds d’€/mise en service entre 2035 et 2037) Selon la Cour des Comptes *, et malgré l’annonce par l’Elysée en 2022, EDF n’était pas assez avancée à la fois sur le design détaillé de ses EPR, et sur leur Plan de financement (on connait depuis le contexte d’austérité !). Son rapport en janvier 2025 prévenait des risques de réalisation liés à la non sécurisation de ces deux points : la France étant loin d’être prête, contrairement aux annonces, confondrait vitesse et précipitation ! Anxiogène aussi quand il s’agit du nucléaire. Un risque sur la rentabilité pour l’actionnaire EDF faute de sécurisation du financement, doublé d’un risque sur la conception du béton nucléaire, les deux menaçant de report l’accréditation officielle. ( * voir le Rapport de la Cour des Comptes : Sévère,_la_Cour_des_comptes_accorde_peu_de_crédit_au_programme_EPR2 )
Depuis, « Faîtes vos jeux! Les jeux sont faits! Rien ne va plus! »
(crédits Camille Besse / Reporterre) – Car voici une information fort divertissante de Reporterre et Mediapart (et ce n’est pas comme si le béton des centrales ne jouaient pas un rôle essentiel en matière de sûreté !). « Accélérez » a dit le chef, oui, mais à quel prix ? Les deux premiers réacteurs, y compris leur « coeur », sont pour Penly, au bord de la mer. Or le béton, justement lui si essentiel pour la Sûreté, n’est pas conforme aux prescriptions…Un composant majeur de granulat, provenant de la proximité de Dieppe, ne serait pas durable pour les soixante ans programmés de vie des EPR2 (le taux de silex doit être supérieur à 70% afin d’éviter la maladie du béton, soit l’alcali-réaction, qui le fait gonfler et exploser). Aujourd’hui, l’ASNR doute et réclame des garanties à EDF : on lira utilement la saga de ce béton, sur fond d’accélération politique que le contrôle en temps réel, ou l’approvisionnement en matériaux conformes, ne suivent pas. Nucléaire : le béton des premiers EPR2 est défectueux