Vivons-nous la quadrature du cercle?
Il n’y a pas assez de ressources pour l’Etat, dont les dirigeants actuels ne veulent pas chercher l’argent là où il est...A partir de là, alors que la demande explose sur route ou sur rail afin que les territoires soient dotés des mobilités en conformité avec les engagements européens sur la décarbonation des transports (sortir du « tout bagnole » et des « murs de camions »), la situation est explosive: mécontentements populaires divers (mise en place des ZFE, désertification des territoires en services publics faute de possibilités en mobilités, crispations des usagers du rail de proximité sinistré, cherté des autoroutes concédées au Privé, …) ; de leur côté les Collectivités sur lesquelles les efforts reposent crient à l’étranglement budgétaire (car à l’approche d’élections locales, se tourner vers l’augmentation des prélèvements obligatoires est impopulaire n’est-ce pas!), sans pour autant que les choix nationaux en matière de mobilités alternatives éclairent le paysage. Dans ce contexte de raréfaction de l’argent public ainsi que de mécontentement généralisé des territoires qui frise la schizophrénie puisqu’il faut – « en même temps » – décarboner, l’heure est à la recherche de solutions miracles: « Tiens, et pourquoi pas une Conférence Nationale sur le financement des infrastructures de transports, route et rail? », histoire d’associer tout le monde à des choix douteux. Alors pourquoi ne pas « enfumer » davantage?
Et pour quel panorama?
- Du côté LGV (par exemple le GPSO), il faut apaiser les doutes car les financements de l’Etat ne sont pas au rendez-vous de l’agenda des travaux: les Régions ont dû avancer des fonds, la Société de financement (SGPSO) pourra lever l’emprunt que les Collectivités devront rembourser sachant que leur ardoise va monter de surcroît pour cause d’inflation sur les travaux du BTP, les demandes de subventions européennes demeurent un « voyage en terre inconnue », et les dates de réalisation reculent: la solution? Mettre en place des « Comités de suivi », déclinés localement par départements et agglos également, qui associeront habilement les promoteurs et les usagers, les acteurs pro-LGV et les associations éventuellement opposantes: on connaît la chanson des « Comités Théodule », validant de fait un choix non validé par l’Enquête publique ni les populations, histoire de faire patienter et calmer les inquiétudes. Pourvu que ça marche!
- Du côté route, le fiasco coûteux pour le quidam des concessions d’autoroutes n’est plus à démontrer: toute occasion de garder publiques les autoroutes et faire baisser les droits de péage pour les usagers a été manquée. En synthèse: on a privatisé les routes, les dividendes des actionnaires ont augmenté tandis qu’ils faisaient les poches des habitants contraints d’utiliser en payant un réseau qu’ils avaient parfois déjà financé. C’était bien joué pour ce résultat, mais cette situation a créé un mécontentement généralisé, les camions traversant la France empruntant d’ailleurs le réseau routier secondaire ou non payant (on en connaît un rayon en 40/64 !) et en le détériorant, afin de ne pas payer l’octroi des autoroutiers; un réseau financé intégralement par les impôts des habitants. Un enjeu supplémentaire: la fin des concessions autoroutières entre 2030 et 2036. Quels choix seront-ils faits? La boucle est bouclée.
« Bon sang, mais c’est bien sûr! » aurait écrit Gottlieb dans ses Dingodossiers, lançons une Grande (tant qu’à faire) Conférence de Financement!
C’est ainsi que cette idée géniale vient d’être lancée: « Destinée à rassembler plus de 50 participants, « Ambition France Transports » est la première conférence nationale dédiée au financement des infrastructures de transports depuis 20 ans, a souligné ce 16 avril le ministère chargé des transports dans un communiqué. Annoncée par le Premier ministre, François Bayrou, le 14 janvier dernier et organisée par le ministre chargé des transports, Philippe Tabarot, elle sera présidée par l’un de ses prédécesseurs, Dominique Bussereau et associera des élus, des acteurs publics et privés, des experts, des fédérations professionnelles et des collectifs représentant les usagers pour définir un nouveau modèle de financement des infrastructures de transports à horizon 2040. » Aaaaah bon, 2040…ça calme!
Le lancement aura lieu le 05 mai à Marseille. « Celle-ci doit permettre de bâtir un nouveau système de financement des infrastructures de transport, « dans un contexte où les besoins en investissement sont importants et les marges de manœuvre budgétaires
contraintes », explique le ministère des Transports. Une consultation sera alors
menée pendant dix semaines, jusqu’en juillet, à travers les territoires. »
« Ne repensez pas les routes sans nous !« L’association des maires de France (AMF) alerte: « des infrastructures et des transports sans financement peuvent provoquer une fracture territoriale irréversible. » 90% des déplacements se faisant en voiture depuis 30 ans, la Commission Transports incluant les élus de l’AMF a fait savoir le 22/04 que les communes et intercommunalités avaient besoin de financement afin de répondre aux besoins des habitants des territoires.
Depuis le 16/04, la mise en ligne d’une plateforme est destinée à recevoir « les contributions de l’ensemble de l’écosystème des transports« . Les contributions se feront sous forme de « cahier d’acteur » du 22/04 au 20/06: Cahier d’acteur | Ambition France Transports Qu’on se le dise dans toutes les organisations!