Notre précédent article portait notamment sur l’exaspération légitime des riverains de la nouvelle LGV Bordeaux/Tours; pour information émanant de la Sepanso, voici un article du Sud Ouest du 08/11/2017: Les nuisances sonores de la LGV « prises au sérieux »
ENVIRONNEMENT Une réunion a été organisée à la sous préfecture de Blaye avec les acteurs du dossier, l’exploitant de la ligne, les élus et les services de l’État
Les nuisances sonores provoquées par les trains de la Ligne à grande vitesse (LGV) étaient à l’ordre du jour d’une réunion organisée lundi matin à la sous-préfecture de Blaye. Autour de la table, le représentant de l’État Frédéric Doué, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), la députée de la majorité Véronique Hammerer, le vice-président du Département Alain Renard, les élus des communes de l’arrondissement de Blaye traversées par la LGV et Lisea, l’exploitant de la ligne qui depuis son ouverture au mois de juillet empoisonne la vie des riverains.
« C’est important que l’État prenne ses responsabilités et joue son rôle de médiation afin que le dossier puisse avancer au plus vite », souligne Véronique Hammerer. Sollicitée par les élus et par de nombreux habitants qui lui ont écrit, la députée parle d’une problématique « de santé » à travers les nuisances sonores et les vibrations ressenties dans les maisons.
La colère a été telle, d’un bout à l’autre de la ligne, que Lisea s’est résolue à multiplier par trois les points d’écoute de l’étude acoustique qui doit permettre de vérifier si les nuisances sonores respectent la norme.
Des normes sonores obsolètes ?
« Il faut laisser du temps pour que ces mesures soient réalisées », convient la maire de Marsas, Brigitte Misiak, au lendemain de cette réunion. Mais l’élue en pointe sur ce combat demande que ce soit Lisea qui viennent présenter les résultats de l’étude devant la population « sous forme de réunion publique ». « Notamment si on a des résultats qui viennent conforter les positions de Lisea. » Ce qui risque fort d’être le cas puisque la norme sonore est de 60 décibels en moyenne par jour. Une moyenne qui n’est pas basée sur le niveau sonore de chaque train, mais sur une moyenne à la journée entre le bruit d’un train qui passe et le silence le reste du temps.
De plus, lors de la pose des premiers sonomètres le mois dernier, Lisea a laissé entendre que les protections acoustiques avaient été construites selon des modélisations qui prennent en compte l’évolution du trafic sur les vingt prochaines années, soit avec plus de 120 trains par jour contre 57 en moyenne actuellement. Pas de quoi rassurer les riverains ni les élus.
Lundi, plusieurs communes ont demandé aux services de l’État de vérifier que le profil de la ligne corresponde bien au cahier des charges qui avait été soumis à enquête publique. Certains maires estiment que les trains auraient dû circuler sur un tracé en déblai au niveau de leur commune et ainsi réduire les nuisances sonores.
Nouvelle réunion lundi
« La première chose, c’est de vérifier si le cahier des charges a été bien respecté », poursuit la députée. L’autre axe de travail sera la réglementation qui date de 1999. « Là, le législateur peut avoir un rôle. Il apparaît qu’une Directive européenne de 2002 qui associe nuisances sonores et santé n’a pas été intégrée dans le droit français. » Véronique Hammerer souhaite travailler avec tous les députés concernés par la problématique sur leur territoire. « Le dossier est pris au sérieux par l’État. »
Le sujet sera à nouveau l’ordre du jour de la réunion du Comité de suivi des engagements de l’État en Gironde, organisée lundi 13 novembre à la préfecture à Bordeaux. Cette fois-ci, le constructeur de la ligne Cosea (Vinci) sera présent, ainsi que tous les élus des territoires concernés par la LGV en Gironde, les services de l’État ou encore les associations.
La Sepanso, qui fédère les associations de protection de la nature de la région, demande « qu’un point circonstancié sur les nuisances sonores et des vibrations subies par les riverains depuis la mise en service commercial de la LGV » soit fait lors de cette réunion. Daniel Delestre, le président de la Sepanso Gironde, veut à terme « un plan d’actions » contre les nuisances, mais également « une révision des normes dépassées qui étaient valables pour les trains des années 50 mais pas pour des TGV à 350 km ».
« Ce n’est pas aux riverains de payer pour les progrès techniques. C’est une coresponsabilité de l’État et de la Dreal, de Cosea, de Lisea et de SNCF Réseau. C’est un problème sur toute la ligne, jusqu’à Tours, mais aussi sur d’autres lignes à grande vitesse. Nous n’avons pas l’intention de lâcher », prévient Daniel Delestre.
JÉRÔME JAMET j.jamet@sudouest.fr
Sud Ouest 08/11/2017